vendredi 31 juillet 2009

Les Kinks par Luc Cornillon

Comme Serge Clerc (qui participe aussi au livre) Luc Cornillon est un des premiers auteurs de Bd français à s'être frotté de près au rock, notamment dans les pages du magazine Métal Hurlant. Après les Beaux-Arts de Saint-Etienne, il participe à l'aventure Métal aux côtés d'Yves Chaland. Les deux pastichent en effet avec grand talent et un humour décapant les classiques de la bd franco-belge (Captivant). Assez vite, il s'associe ensuite avec Philippe Manoeuvre, alors rédac chef du mag, qui lui écrit des histoires mettant en scène des rock stars. Ainsi, dans le numéro 45 bis d'octobre 1979, les Ramones agressent Blondie sous l'oeil énervé de Devo !


Ensuite Luc s'est tourné vers la BD d'aventure (Diamants Vengeurs, Branle-Bas de combat en tant que scénariste - dessin de Jacques Terpant) et vers l'illustration - il a été un des piliers de la revue de Basile de Koch, Jalons. C'est grâce aux Amis de Freddy (association d'amateurs maniaques d'Yves Chaland à laquelle j'ai honneur d'appartenir), j'ai pu prendre contact avec lui.

Publications récentes







Un très joli sketchbook qu'il faut s'empresser d'acquérir car il est sur le point d'être épuisé.

Pour en savoir plus, un seul endroit, le site "presque officiel".

L'histoire de son histoire

En puriste, Luc ne pouvait choisir que des stylistes du rock. Il a donc choisi les élégants Kinks. L'angle de son histoire est lui franco-français et très drôle. Précisons que son histoire de cinq pages marque son retour à la bande dessinée, une chose dont on peut être fier !

Bonus Tracks


Un extrait de "rough". Il y en plus sur le site de Luc.

Et quelques-unes des chansons des Kinks, de "You Really Got Me", leur premier tube à "Lola" en passant par "Sunny Afternoon", "Waterloo Sunset". Comme pour la plupart des groupes présents dans ROCK STRIPS, difficile de s'arrêter.








jeudi 30 juillet 2009

les Rolling Stones par Morvandiau


Morvandiau, la première fois que j'ai vu ses dessins c'était (je crois) dans les Inrocks. Depuis plusieurs années, il égaye les pages de Marianne. Il a été aussi une des chevilles ouvrières de l'Oeil Electrique et a fondé le festival Périscopages, fantastique manifestation sur la BD indépendante qui combine programmation pointue et gratuité.

Dans son cas, j'ai été aiguillé par un autre auteur, Olivier Josso qui me parlait de l'intérêt de Morvandiau pour le blues et les Stones. L'homme de la situation pour parler donc des Pierres qui Roulent, d'autant que ses motivations n'étaient pas d'ajouter un simple caillou supplémentaire au mythe.

"L’énormité des Stones (et de leurs multiples traitements) ne rend cette proposition que plus stimulante !" me dit-il d'emblée.





Publications récentes




Ce monsieur ne respecte rien et s'est attaqué avec un autre pounk à ce monument qu'est Le Cid. Très drôle



Chronique familiale où petite et grande histoires s'entremêlent. Un livre émouvant qui a donné un film, Algéries Intimes. Ici, le blog qui est consacré au livre

L'histoire de son histoire
Morvandiau a choisi un angle très singulier, de musicologue pourrait-on dire, qui s'est concrétisé graphiquement d'une manière très originale. Vu que le but est quand même de vous faire ouvrir le livre, je vous dirai simplement que je fus d'abord très déconcerté. S'ensuivit un échange de mails très instructifs à l'issue duquel Morvandiau me cloua le bec. Je vous fais profiter d'une partie de ses arguments :

"Les Stones sont un groupe et un sujet ultra connu, ultra traité et ayant déjà donné lieu à des tonnes d’images et des kilomètres de littérature. Si ce n’est sous cet axe graphiquement radical et personnel, je ne crois pas pouvoir apporter quelque chose de plus les concernant. J’aurais pu, par exemple, bosser d’après les multiples photos existantes (c’est même assez plaisant à faire), mais ce n’aurait pas été très nouveau et je me méfie des choses qui font “joli” sans raconter grand chose (concernant Johnson et l’imagerie du blues, Robert Crumb – arggll – est bel et bien passé avant moi !)"

Si vous n'êtes pas appatés après ça... Parce que, bien sûr, il avait raison et ses six pages sont épatantes.
Bonus Tracks

- Son blog sur Bakchich
- Son programme pour la France dans le cadre de Grand Papier
- Morvandiau a le blues et joue de l'harmonica - non, en fait, c'est une fin de soirée de Périscopages si je comprends bien



- "Honky Tonk Woman" des Stones à Hyde Park, "Jumpin'Jack Flash" en 67, "Love In Vain" en 72 et "Salt Of Heart" extrait du magique Rock'n'roll Circus.







mercredi 29 juillet 2009

Les Beatles par Obion


Quiconque va sur son blog va vite se rendre compte qu'Obion est un fou de musique. Des exemples, ici une note sur Bashung là sur Radiohead. Quant aux Beatles, il en parle ici ou
Après la lecture enthousiasmante du Vilbrequin scénarisé par Arnaud le Gouëfflec, un simple mail m'a confirmé son intérêt pour ROCK STRIPS. Et puis Obion vit à Brest, une ville en rock.

Publications récentes

Le portrait d'un "monte en l'air" de talent
Les deux planchent sur un autre album en commun


Obion prend le relais des Kerascoët et de Sfar himself pour une des trois séries Donjon (Crépuscule, celle de la fin). Il dessinera deux autres albums

L'histoire de son histoire
Obion devait être sur le premier Donjon quand j'ai pris contact avec lui, alors il a choisi sans trop gamberger les Beatles. On a failli jamais voir ses planches : selon ses dires, il a eu un problème de papier, le lavis a mal séché et il a dû les recommencer. A part ça, ses superbes planches lui ont été inspirées par les sessions du White Album.

Bonus Tracks

- Déjà, il faut à tout prix aller lire les 8 planches qu'Obion a faites avec Kris pour les dernières Vieilles Charrues et notamment la venue de Bruce Springsteen.


- L'interview d'Obion et de Gouëfflec pour présenter Vilbrequin (elle date de deux ans, avant le clash avec l'éditeur pour problème d'impression)





- "Something", "Don't Le Me Down" (joué sur le toit d'Apple), "In My Life" (un clip de fan), un extrait du concert au Shea Stadium (avec des gamines hooligans dont les hurlements couvrent tout) et surtout un clip abstrait pour "Tomorrow Never Knows", chanson de pop expérimentale qui ne fait pas ses quarante ans.









Elvis Presley par Ruppert et Mulot



Comme le dit bien JC Menu, c'est la nouvelle génération de l'Assocation. En à peine quatre-cinq ans, la paire Ruppert et Mulot s’est rendue auteur de livres déroutants, drôles et souvent imprévisibles. Ils se sont construits une sorte de laboratoire de la bande dessinée fou qui amuse (au sens noble) et pose des questions. Eux démontent les rouages et les codes d'une manière intelligente et absurde. Humour noir, radioscopie froide des comportements humains et jeux sur la narration irriguent (notamment) leurs travaux qu’ils soient publiés par l'Association ou mis en ligne sur leur site. Leur maison close pour le festival d'Angoulême est toujours accessible - quelle idée géniale.
Même si un quelconque attrait pour la musique n’avait pas transpiré pour l'instant dans leurs planches, ils ont répondu banco et participent à ROCK STRIPS.



Une jolie photo des deux, due à Pierre-Emmanuel Rastoin, - (c) Télérama - photo qui accompagnait cet article


Publications récentes


Leur détonnant premier album où ils posent déjà un style


Prix Révélation au festival d'Angoulême 2007


Quand la dédicace devient un art conceptuel - terrible !

Littéralement hors-format, cet album est le premier à ne contenir qu'une seule "histoire" sur une centaine de pages. Peut-être leur plus ambitieux à ce jour.


Le dernier en date, sorti pour Halloween, ah ah

L'histoire de leur histoire

Pas sûr que Florent et Jérôme écoutent “Heartbreak Hotel" avant de s’endormir. On va pas trop en dire mais eux se sont intéressés à la rock star en tant que figure.


Bonus tracks


- Une interview (appelée "Leçon de dessin") pour Evene



- Une séance de dédicaces à Besançon au crayon et au couteau. (voir
Gogo Club et L'Eprouvette 1 à l'Asso)







- L'installation chorégraphique d'Emilio Calagno en collaboration avec R et M, étonnant.


- "Crawfish" d'Elvis, le Presley préféré de Joe Strummer

mardi 28 juillet 2009

Little Richard par Blexbolex


Little Richard par Blexbolex


Blexbolex fait partie de ces auteurs que j’ai contactés en ayant le pressentiment que, si la musique n’était pas au premier plan de ses livres (en tout cas, de ceux que j’avais lus) le projet pourrait l’intéresser. Parmi les revues auxquelles il collabore il y a les Inrockuptibles, n’est-il pas ?

Très vite, Bernard a répondu par mail qu’il était ok «même si le noir et blanc n´est a priori pas vraiment ma (sa) spécialité ». Si vous avez eu dans les mains son magnifique Imagier des gens, qui a reçu le prix du plus beau livre du monde à la foire du livre de Leipzig il y a quelques mois, L’œil du privé ou Destination Abecederia (voir plus bas), vous savez quel magicien de la trichromie il est. Néanmoins, il est aussi très fort en noir et blanc comme il le prouvera avec ses cinq planches pour ROCK STRIPS.


Certaines de ses dernières publications



Un livre d'images fantastique... rien que de l'ouvrir est un ravissement



Le polar à la Marlowe totalement transfiguré par Blexbolex


L'histoire de son histoire

Au départ, dans la liste que j’avais préparée, il avait retenu le nom d’Eddie Cochran et celui de T.Rex. « Je pense improviser quelque chose à partir de la musique ou des paroles des chansons. Et a priori, je comprends mieux la frustration ado de province de Summertime Blues que la nostalgie un peu faisandée de Teenage Dream par exemple ».

Il a ainsi gambergé sur les paroles de “Summertime Blues".

"J'aime bien l'idée de “Ain't no cure”. C'est poisseux, ça sent la loose, mais il y a de la rage aussi. C'est une bonne chanson, vraiment. (et c'est Cochrane et ses musiciens qui la jouent la mieux ! Des Who à Motorhead, en passant par les Beach Boys, quelle cata !) La chanson est un peu courte, mais elle est bien intense. Faire un truc rock sans avoir à dessiner de rockers ni de Chevrolet, j'espère que c'est une bonne idée "


Puis il a eu cette phrase :

« Cochran me paraît être le bon choix et à moins qu'il y ait un désistement sur Jerry Lee Lewis ou Little Richard (bien plus hystériques, je les adore !), c'est mon choix final »

Et justement personne ne s’était proposé sur Little Richard ou Jerry Lee (quiproquo, mea culpa) si bien qu’il s’est finalement emparé de Little Richard.

«Tant qu'à prendre un rocker, autant prendre un fou ! »

Ou une grande folle, pourrait-on dire.

Les choses ont ensuite été claires. Blexbolex n’était pas intéressé par du littéral, ne dessinerait ni rockers ou Cadillac mais partirait de ce qui lui inspire «sa façon de chanter, son espèce d'hystérie »

Le résultat et son noir et blanc sublime ouvrent ROCK STRIPS.


Bonus tracks

- Une interview de Blexbolex sur Klare Lijn International
- Une jolie bande annonce italienne pour L'Imagier des gens





- "Lucille" de Little Richard, "Summertime Blues" d'Eddie Cochran, "Great Balls Of Fire" de Jerry Lee Lewis








lundi 27 juillet 2009

Le principe du livre

"Un revolver sur la tempe, nourris par intraveineuse d'un mélange de houblon et de viande blanche, les tympans rougis, ils ont tous hérités d'une mission bien particulière..."


Les rapports BD et rock sont anciens, datent en fait des années soixante alors que naissait la contre-culture. Rapidement des échanges artistiques ont eu lieu, entre musiciens et artistes BD qui, dans leur quête d’émancipation ont vite convergé les uns vers les autres.

A commencer par la pochette que le dessinateur américain Robert Crumb a faite pour le groupe de Janis Joplin, Big Brother & The Holding Company en 1968 (Cheap Thrills). La couverture de ROCK STRIPS en reprenant sa conception éclatée constitue un hommage à ce pionnier.

En France, l’émergence d’une BD rock date de la fin des 70s avec un magazine comme Métal Hurlant. Sous l’impulsion de Philippe Manœuvre alors rédacteur en chef, avec JP Dionnet comme directeur de la rédaction, musiciens réels ou fictifs deviennent des héros, les auteurs de BD (dont certains comme Serge Clerc ou Luc Cornillon participent à ROCK STRIPS) exp(l)osent leurs goûts.

Depuis ce mouvement n’a fait que s’accentuer, quand ils travaillent sur leurs planches, la plupart des auteurs BD écoute de la musique, certains jouent de la guitare, font partie d' ungroupe. Il existe chez beaucoup d’eux une véritable passion pour la chose électrique qui ne demandait qu'à s’exprimer dans une œuvre collective.

L’idée fondatrice du livre a en effet été de proposer à des auteurs BD de traiter leur groupe préféré et pas de leur imposer un sujet. Il existe déjà des albums de BD hommage aux Beatles, Dylan et très souvent les auteurs étaient un peu corsetés ou devaient suivre un principe établi (illustrer un texte de chanson, etc.)
Ici, chacun a eu (presque) champ libre pour choisir son groupe et surtout a eu carte blanche quant au traitement qui a pu prendre toutes les formes possibles, du récit autobiographique à des sortes de divagations autour d’une chanson , d’un album ou d’un fait réel. Surtout, aucun n'est tombé dans l’hommage fade et convenu. Les auteurs étaient libérés de toute obligation de resituer le groupe puisque chaque histoire est précédée d’une double page de présentation du groupe concerné (que j’ai rédigée), sorte de radioscopie expresse avec une liste de 20 chansons à écouter. La seule contrainte a tenu à la pagination (6 pages maximum) et à l’utilisation du noir et blanc.


Quant aux choix des auteurs en eux-mêmes (ils sont au nombre de 33 pour 30 histoires car il y a 3 paires), il s’est imposé rapidement. Début des contacts en février 08. En quelques semaines, notre casting a été bouclé et c’est une véritable scène d’auteurs qui se trouve représentée sur le livre, des gens qui, pour beaucoup, se connaissent et ont entre 25 et 45 ans. Leur point commun, c’est la passion, l’enthousiasme qu’ils ont manifesté quand je les ai contactés. Il y a eu une véritable émulation, certains se sont battus pour avoir leur groupe préféré. Comme pour les groupes de rock, on a même eu droit à des séparations, des clash, des crayons qui cassaient en plein solo...




LA VERSION COURTE
L'idée de ROCK STRIPS (RS) est simple : proposer une histoire du rock revue et corrigée par les auteurs de BD les plus rock'n'roll. La plupart des livres collectifs associant bande dessinée et musique étaient jusqu'alors centrés sur un artiste. Dans RS, chaque auteur (en tout, ils sont 33 avec 3 paires) planche sur le sien, de Little Richard (Blexbolex) à LCD Soundsystem (Luz). Toutes les contributions ont une pagination comprise entre 2 et 6 pages.